28 mai 2019

18 L’enfant grandit. Un jour qu’il était allé trouver son père vers les moissonneurs, 19 il lui dit: «Ma tête! Ma tête!» Le père dit à son serviteur: «Amène-le à sa mère.» 20 Le serviteur l’emporta et l’amena à sa mère. L’enfant resta sur ses genoux jusqu’à midi, puis il mourut. 21 Elle monta le coucher sur le lit de l’homme de Dieu, ferma la porte derrière lui et sortit. 22 Elle appela son mari et dit: «Envoie-moi un des serviteurs et une ânesse; je veux vite aller vers l’homme de Dieu et revenir.» 23 Il demanda: «Pourquoi veux-tu aller aujourd’hui vers lui? Ce n’est ni le début du mois ni le sabbat.» Elle répondit: «Tout va bien.» 24 Puis elle fit seller l’ânesse et dit à son serviteur: «Conduis-moi et avance! Ne m’arrête pas en route sans que je te le dise.» 25 Elle partit donc et se rendit vers l’homme de Dieu au mont Carmel. L’homme de Dieu l’aperçut de loin et dit à son serviteur Guéhazi: «Voici notre Sunamite! 26 Cours donc à sa rencontre et demande-lui: ‘Vas-tu bien? Ton mari et ton enfant vont-ils bien?’» Elle répondit: «Bien», 27 mais dès qu’elle fut arrivée près de l’homme de Dieu sur la montagne, elle lui attrapa les pieds. Quand Guéhazi s’approcha pour la repousser, l’homme de Dieu dit: «Laisse-la, car elle est dans l’amertume, et l’Eternel me l’avait caché, il ne me l’a pas révélé.» 28 La femme dit alors: «Ai-je demandé un fils à mon seigneur? Ne t’ai-je pas dit de ne pas me tromper?» 29 Elisée dit à Guéhazi: «Noue ta ceinture, prends mon bâton à la main et pars. Si tu rencontres quelqu’un, ne le salue pas et, si quelqu’un te salue, ne lui réponds pas. Tu mettras mon bâton sur le visage de l’enfant.» 30 La mère de l’enfant dit: «L’Eternel est vivant et ton âme est vivante! Je ne te quitterai pas.» Elisée se leva et la suivit. 31 Guéhazi les avait devancés et avait mis le bâton sur le visage de l’enfant, mais il n’y eut ni voix ni réaction. Il repartit à la rencontre d’Elisée et lui annonça: «L’enfant ne s’est pas réveillé.» 32 Lorsque Elisée arriva dans la maison, il vit l’enfant mort, couché sur son lit. 33 Elisée entra, ferma la porte sur eux deux et pria l’Eternel. 34 Il monta sur le lit et se coucha sur l’enfant; il mit sa bouche sur sa bouche, ses yeux sur ses yeux, ses mains sur ses mains et s’étendit sur lui. Le corps de l’enfant se réchauffa. 35 Elisée s’éloigna, marcha de long en large dans la maison, puis remonta s’étendre sur l’enfant. Alors l’enfant éternua sept fois avant d’ouvrir les yeux. 36 Elisée appela Guéhazi et lui dit: «Appelle notre Sunamite.» Guéhazi l’appela et elle vint vers Elisée qui dit: «Prends ton fils!» 37 Elle alla se jeter à ses pieds et se prosterna jusqu’à terre. Puis elle prit son fils et sortit.

LOUIS SEGOND 21

commentaire

L’attitude de la Sunamite force le respect : pour une maman, la perte de son enfant est une déchirure intolérable. Pourtant, aucune expression de désespoir ne transparaît dans son attitude. Elle reste étonnamment calme et maîtresse d’elle-même. Elle s’abstient d’alarmer qui que ce soit. Elle se tait. Son calme apparent ne veut pas dire qu’elle ne souffre pas, bien au contraire : elle n’hésite pas à faire deux fois vingt-cinq kilomètres sur l’inconfortable dos d’un âne. Elle ne veut parler qu’à Élisée seul. Dénué de reproches, son discours trahit à la fois sa souffrance et son espoir. Par Élisée, on sent que c’est à Dieu qu’elle s’adresse. Elle ne fait que dire : « Je n’avais rien demandé ! » Son discours est de la même trempe que celui de Job ; son humilité ne consiste pas à s’aplatir devant un Créateur lointain et incompréhensible mais devant un être, certes puissant et saint, qui ne craint pas de dialoguer avec celui qui le recherche d’un cœur sincère. Quand la difficulté te frappe, arrives-tu à garder ta confiance en Dieu et à le glorifier par ton attitude ? D.D.